C’est peu dire que le digital a profondément bouleversé le secteur des ressources humaines. Les outils mais également les usages ont changé la donne.
La fonction RH a été passablement bousculée par la numérisation des données. La petite révolution des SIRH… En mars dernier, l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines) et BCG publiaient la deuxième édition de leur enquête sur le futur du travail. Avec ce constat sans appel depuis le Covid : le travail hybride devient la norme et de plus en plus de métiers y sont éligibles.
Cette même étude nous apprend que 75 % des DRH considèrent que la transformation digitale constitue plus que jamais le chantier prioritaire de leur entreprise à horizon 2025. D’un autre côté, moins d’un sur deux estime qu’il y contribuera de façon majeure. Paradoxe quand tu nous tiens…
Signe des temps en tout cas : un Prix du DRH Numérique est organisé depuis 8 ans par cette même communauté de professionnels.
Nouveaux outils, nouveaux usages
Côté outils, on se donne les moyens. Toujours en mars dernier, la startup Neobrain levait 20 millions d’euros pour sa solution SaaS de gestion des compétences Ressources Humaines. L’intelligence artificielle au service de la gestion des talents. La solution permet notamment de cartographier les profils et les ressources disponibles au sein de l’entreprise. L’objectif est d’aider ces dernières à mieux identifier leurs besoins et à adapter leur stratégie Ressources Humaines au marché. L’on pourrait parler également des nouveaux outils de formation, e-learning en tête, qui ont boosté la mobilité interne et/ou les dynamiques de reconversion.
La fonction RH s’ancre clairement dans le digital.
Mais parlons peu, parlons recrutement…
Car oui, côté usage, ce bouleversement commence au plus amont de l’emploi : dès le recrutement.
Pour le recruteur, nul doute que cette nouvelle donne ait considérablement transformé protocoles et process.
Et cela n’a rien d’anodin alors que juste avant la guerre en Ukraine, l’Apec estimait que l’année 2022 devrait constituer une année record dans l’embauche des cadres, nonobstant les tensions sur le recrutement et les incertitudes sanitaires persistantes.
L’on pourrait être cette année bien au-dessus du record de 2019 de 280 000 recrutements…
Alors qu’est-ce qui a changé dans le recrutement ?
Exit la rencontre physique
Une pratique désormais obsolète pour commencer : la rencontre physique avec le candidat. Il y a "seulement" 5 ans, notre cabinet rencontrait en présentiel 100 % des candidats. Nous pouvions même déjeuner avec la moitié d’entre eux pour préciser plus avant notre sentiment.
Aujourd’hui, le recrutement ne passe que très exceptionnellement par une rencontre physique. Les candidats sont de plus en plus sollicités, de plus en plus habitués aux échanges en visio, et souvent éloignés géographiquement. Et puis, surtout, le rapport de force s’est inversé : les candidats ne se satisfont plus aujourd’hui d’un tampon Great Place to Work.
Territoires de chasse online et art de la conversation
Ce qui a changé aussi : la façon de chasser. Approche directe et sourcing connecté, ça veut dire quoi en 2022 ? Pour reprendre les mots d’une influenceuse RH, cela signifie que LinkedIn est "la première maison des recruteurs". Une démarche de sourcing plus proactive que jamais. Notamment via des codes relationnels qui mobilisent le plus grand engagement de la part des professionnels.
Car c’est également un changement majeur dans le métier : de nouvelles pratiques conversationnelles.
Qu’il s’agisse de sourcing ou de rédaction d’annonce, plus question de faire dans la facilité ni dans le classique. Encore moins dans le télégraphique.
Dans un double contexte de pénurie de talents et d’exigences accrues, il y faut du décalé, il y faut du personnalisé, il y faut de l’émotion. Parce que l’émotion appelle l’émotion. Il y faut de l’imagination, de la créativité, du labeur et de la sueur. Parce que si l’on n’est pas motivé à rédiger son annonce, le candidat ne le sera pas à y répondre.
Parce que s’éviter le "ghosting recrutement" oblige à un petit supplément d’âme : personnaliser son message, stimuler la curiosité… Nos clients employeurs nous font totalement confiance jusque dans la tonalité peu formelle de nos annonces, à rebours d’un certain style "institutionnel" si peu sexy. Suivez notre regard…
Reste que cela signifie aussi, sur la toile, s’exposer et laisser des traces indélébiles.
Ni neutre ni touchy. Un véritable exercice quotidien de funambule. Oui, au-delà des ruptures technologiques, un indéniable bouleversement des pratiques.
En présentiel ou en distanciel : l’humain au cœur du métier
Enfin, au-delà de la banalisation de la visio et des méthodes de sourcing online, ce sont aussi les demandes qui ont évolué. Un candidat nous demandait récemment si nous étions à même de "trouver un poste en phase avec un profil". Totale inversion de logique en apparence. Mais oui, Monsieur, bien sûr : nous le pouvons ! Cela s’appelle agent de carrière, et c’est précisément une dimension majeure de notre métier. Qui nous engage sur l’ensemble du parcours du candidat.
En pleine digitalisation des entreprises, visio ou pas visio, intelligence artificielle ou pas, une dimension fondamentale n’a pas changé pas dans notre métier de recruteur : l’humain !
Définitivement pas un numéro dans le numérique.
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